jeudi 26 mars 2015

Paolo Bacigalupi - "L'Alchimiste de Khaim"


Un alchimiste vit avec sa fille et sa dernière servante, dans un pays où chaque utilisation de la magie provoque l'apparition de ronciers. Ces plantes sont venimeuses, très difficiles à détruire et envahissent de plus en plus les territoires. C'est pourquoi la magie est prohibée et tout manquement à cette loi est passible de mort par décapitation. Alors que sa fille frôle la mort, l'alchimiste trouve la formule pour éradiquer les ronciers.

"L'Alchimiste de Khaim" est un conte plein de poésie, à l'ambiance sombre. La morale, les états d'âme sont des pièces maîtresses de ce récit.
L'alchimiste est déchiré par la pauvreté qu'il fait subir à sa famille, mais aussi par l'utilisation de la magie nécessaire au maintien de la santé de sa fille, risquant de provoquer sa mise à mort. Les femmes sont des exemples de don de soi. Elles soutiennent l'alchimiste envers et contre tout, rendant plus poignant ses sentiments.
Ce conte pousse à réfléchir sur le rôle que joue chaque individu dans le bien-être collectif. Et c'est d'actualité avec la pollution atmosphérique parisienne : on nous recommande de rouler à 70km/h maxi ; pour l'avoir vécu je peux vous affirmer que j'étais seule à le faire, je me faisais doubler sans discontinuer. D'autre part, on retrouve un maire, accompagné de son magicien personnel, transpirant d'égoïsme, affamés de pouvoir. Des thèmes contemporains décrits avec art dans un monde et une époque si différents des nôtres.

Vraiment, une histoire magnifique!


mardi 24 mars 2015

Jeanne-A Debats - "Pixel Noir"

  
Année 2119. Pixel est un ado de 17 ans, féru d'informatique, trait qu'il tient de sa mère Jackie, experte en programmation. Ses parents sont divorcés et vivent sur deux continents différents. Il est exclu de lycée en lycée, jusqu'au jour où il tente de détourner le réseau informatique situé sur le toit et tombe du mur qu'il escaladait. Il bénéficie alors du nouveau programme hospitalier "Virtuel de Repos", sauf qu'il n'a rien à voir avec ce qu'on lui avait présenté... 

Décidément, j'aime la plume de Jeanne-A Debats! Ici son humour est moins présent mais ça ne retire rien à la qualité de l'histoire. C'est le premier roman "jeunesse" que je lis de cette auteure. J'ai tout aimé sauf... l'amourette. Mais là je crois qu'effectivement je n'étais pas le public visé. Parce qu'en y réfléchissant, cette amourette est typiquement ado : des questionnements à n'en plus finir, tourner autour du pot, ne pas voir ce qui saute aux yeux des autres, la jalousie, etc. Ça vous rappelle quelque chose? Il y a combien d'années? ;o)

L'intrigue nous plonge dans un monde virtuel où des ados s'affrontent. Pour caricaturer, les gentils contre les méchants. Ils se retrouvent dans un monde de type jeu multijoueurs, avec un objectif à atteindre, mais bien caché, en devant emprunter un chemin semé d'obstacles et pour ne rien arranger, un chrono serré. 
Les relations entre les personnages sonnent justes, notamment la manipulation du plus fort qui se sert de la naïveté de certains et écrase les plus faibles. Les pages comprennent beaucoup de dialogues au ton très réaliste. L'auteure rapporte très bien les difficultés de ces jeunes gens : attirance sexuelle, solitude, effet de groupe, relations parents/enfants, premiers amours, le besoin de reconnaissance, etc.
Et j'avoue avoir versé ma petite larme (et alors?! Il paraît que c'est de la faute de la prolactine.) à cause d'un thème à polémique que je tairai pour ne pas révéler la fin. Il y a des choix qu'on donne aux mauvaises personnes selon moi...

Une nouvelle fois, une jolie couverture qui colle bien au roman.


Blog de Jeanne-A Debats : ICI.

samedi 21 mars 2015

Raphaël Granier de Cassagnac - "Eternity Incorporated"


L'humanité a été anéantie par un virus, il y a 600 ans. Toutefois, une population survit au sein de la Bulle, créée par l'entreprise Eternity, qui la protège de l'extérieur. Le Processeur, une intelligence artificielle de très haute technologie, en est l'administrateur. En apparence, la société vit sereinement, dans la paix et la prospérité. Jusqu'au jour où le Processeur tombe en panne! 
Sean Factory, musicien, Gina Courage, spécialiste en connectique, et Ange Barnett, haute-gradée de la brigade externe, cherchent à comprendre ce qui a pu se passer et à trouver des solutions pour affronter le futur devenu subitement incertain.

Eternity Incorporated est la suite chronologique de Thinking Eternity, mais dans les faits, il a été publié en premier.
Ces deux livres font donc partie d'une même histoire et pourtant ils sont bien différents contrairement aux suites que j'ai l'habitude de lire et qui souffrent donc de répétitions. Ici ça n'est pas du tout le cas. L'intrigue est toujours aussi captivante, si ce n'est plus!

Thinking Eternity est beaucoup plus tourné vers la sphère virtuelle liée aux intelligences artificielles. Eternity Incorporated reste dans la bulle et son extérieur, dans la vie bien réelle, au travers de trois personnages principaux, Sean, Gina et Ange. 
L'homme est plus "doux" que les deux femmes, qui ont un côté très autoritaire, stratégique, de part leurs fonctions (respectivement militaire chef de brigade et informaticienne haut-placée). Sean est un artiste à l'âme sensible, qui aime philosopher avec son ami Picasso. Avec lui et les "déconnectés" on réfléchit à la vie, à l'avenir de l'humanité, aux choix qui s'offrent ou non à nous, au plaisir et au bonheur à en tirer.
En parallèle, le jeu politique de la Bulle est intéressant. Il me rappelle un peu notre actualité, en espérant que ça reste au stade "un peu". Raphaël Granier de Cassagnac a un don visionnaire de notre monde assez effrayant qui se remarque franchement dans Thinking Eternity!

J'ai aimé la façon dont le secret de la Panne a été amené petit bout par petit bout, de trois côtés indépendants mais qui finissent par se rejoindre.  Un bon thriller futuriste!
Et puis les dernières pages... je ne m'y attendais pas du tout. Elles m'ont catapultée dans mes souvenirs de Thinking Eternity, dont j'avais oublié de gros éléments (ce qui n'est pas plus mal finalement! Bonne surprise!).

A ce qu'il semblerait, un troisième tome serait en cours d'écriture. Je ne mets pas la pression à Raphaël Granier de Cassagnac, mais... j'ai hâte!!! ;o)


Je vous invite à écouter la playlist de Sean Factory disponible ICI. Evasion assurée! Plongeon dans une Borderground! ;o)

Site Thinking Eternity Incorporated : ICI

samedi 14 mars 2015

S.G. Browne - "Le jour où les zombies ont dévoré le Père Noël"

  
Andy Warner, zombie héro du précédent tome "Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour", a passé un an dans un laboratoire de recherches en tant que cobaye. Les expériences qu'il subit avec ses compagnons de chenil se rapprochent plus de la torture que de l'avancée scientifique. Mais ça reste toujours moins pire que la ferme de cadavres! Son avenir semble fixé jusqu'au jour où...

On retrouve l'ingrédient qui fait de cette histoire un petit bijou de divertissement : l'humour décalé autour des corps en décomposition. D'ailleurs, Andy nous propose de nouvelles recettes à base de viande de respirants. 
Toutefois, ici les descriptions sont plus mesurées, à moins qu'on ne s'habitue en fait aux membres arrachés, aux odeurs de pourriture. L'effet de surprise disparaît.

Les sentiments sont davantage présents avec l'attachement d'Andy pour Annie, mais aussi au travers du regard de Shannon fascinée par ce zombie particulier. Et puis, bien que les Morts-Vivants Anonymes n'existent plus, l'amitié est toujours là, avec de nouveaux personnages tout aussi attachants. Il manque quand même un peu de note féminine...

A noter que l'ambiance sociale a changé au cours de l'année d'enfermement d'Andy, ce qui change certaines choses!

Une petite remarque : la page facebook d'Andy Warner ne fonctionne pas.


Site de S.G. Browne : ICI.

mercredi 11 mars 2015

S.G. Browne - "Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour"

 

Andy meurt avec sa femme dans un accident de voiture. Mais voilà qu'il ressuscite et doit réapprendre à vivre dans une société qui rejette les zombies. Ses parents le recueillent dans leur cave où il vit comme un prisonnier, le vin en plus! Il ne sort que pour assister aux réunions de MVA (Morts-Vivants Anonymes) où il se lie d'amitié avec ceux qui partagent sa nouvelle condition. Andy raconte sa nouvelle non-vie.

HILARANT!!! Un sujet bien crados, lugubre, mais tourné en dérision, avec un humour omniprésent, très fin. J'ai ri! C'est la première histoire de zombies que je lis et j'ai adoré. D'ailleurs, je suis en train de lire la suite.
Attention à la quatrième de couverture qui en dit beaucoup trop. Heureusement pour moi, je ne l'avais pas lue.

Le roman démarre d'une scène finale et remonte dans le temps pour en expliquer le contexte. Le ton est donné dès le commencement, dès le titre en fin de compte : l'humour!
L'auteur nous sert tous les détails sur la mort, la décomposition du corps, l'embaumement. Mais ça passe très bien grâce au ton loufoque. Mine de rien, on apprend pas mal de choses insoupçonnées.
Du côté plus sérieux, apparaît la séparation d'un père d'avec sa fille, celle-ci étant épargnée au travers de mensonges, le deuil d'Andy pour sa femme, les nouvelles relations qu'il doit vivre avec ses parents qui ont des réactions opposées, et enfin le rejet de la société d'un côté, la solidarité des morts-vivants de l'autre. 
On s'attache à ces personnages affreux, qui subissent leur sort, chacun ayant sa particularité l'identifiant. Mais au fur et à mesure de l'intrigue, ils prennent de l'assurance, s'adaptent à la population des respirants qui ne leur accordent aucun droit.

Je ne suis pas prête d'oublier ce roman!


Site de S.G. Browne : ICI.